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Et la Langue des Signes dans tout ça ? 

Avant d’entamer la lecture de cet article, je vous précise que je ne retrace pas l’histoire de la culture sourde. Je m’arrête sur quelques points important permettant de comprendre la représentation actuelle des sourds et leur combat, notamment dans le domaine médical.  

 

De quoi s’agit-il ? 

Commençons par la base : On parle de Langue des Signes et non de « langage des signes ». Il s’agit en effet d’une langue reposant sur des principes spécifiques avec des règles et des signes. 

La Langue des Signes Française (LSF), s’adresse à toute personne souhaitant communiquer avec les personnes sourdes, malentendantes ainsi qu’avec les personnes muettes. Profitons-en pour préciser que « sourd-muet » est un abus de langage : un sourd n’est pas nécessairement muet et inversement. 

 

Lorsqu’on évoque l’histoire de la culture sourde, on fait rapidement le lien avec l’Abbé de l’Épée, qui a été le premier à fonder une école pour les Sourds et Muets. Ceci dit, la culture sourde, l’histoire des Sourds plus précisément débute bien avant et simplement : les sourds développent la langue des signes afin de communiquer entre eux, et ce, dès l’antiquité. Platon et Aristote font partis des premiers à s’intéresser au monde des « sourds-muets ». Malheureusement, leur vision était quelque peu négative, voire néfaste. 

 

La communauté sourde a très rapidement dû faire face aux préjugés négatifs. Aristote expliquait que quelqu’un ne pouvant pas parler, ne pouvait de facto pas penser. Platon associait la parole à la raison. Ainsi, les personnes sourdes ont rapidement été considérées comme inapte à comprendre et réfléchir comme les entendants. 

Cette représentation négative s’est installée dans la pensée commune pendant très longtemps. Aujourd’hui encore elle persiste mais d’une autre manière peut être : on ne perçoit plus les sourds comme des personnes stupides mais on est « désolé » pour eux, on compatis, on veut les « réparer ». 

Mais est-ce vraiment ce dont il ont besoin ? A-t-on pris le temps de connaître cette culture ? Doit-on vraiment envisager la surdité comme un handicap ? 

 

 

Ces questionnements nous amène au point suivant : Le point de vue des sourds

 

On nous apprend très rapidement en psychologie (et d’une manière générale par l’éducation) à employer des termes précis pour parler des pathologies. Par exemple, l’univers médical parle de « personne sourde » afin de mettre en avant la personne avant le handicap. 

 

Certains sourds (la majorité ?) ne se considèrent pas comme étant en situation de handicap. Ils sont sourds. Avec leur culture, leur langue. Ils ont un rapport visuel au monde. 

On peut alors se questionner sur la légitimité de l’univers médical à insister sur cette notion de handicap. Pourquoi vouloir présenter la surdité comme un handicap quand beaucoup de sourds militent dans le sens inverse ? Est-ce une méconnaissance ? Ou, plus grave, la non-reconnaissance de la culture sourde et donc des sourds ? 

 

Ces questions restent sans réponse actuellement en ce qui me concerne. Un échange régulier avec les professionnels de santé et les sourds est nécessaire afin de comprendre les réels besoins des principaux intéressés. 

 

LSF et psychologie

La LSF et la psycho, où en sommes-nous ? Eh bien... Loin.

Fréquentant des personnes sourdes, je constate rapidement que dans les institutions en Île de France, il n’y a presque pas de personnel maîtrisant la LSF. Les entretiens médicaux se font avec un interprète ou alors sur papier. Imaginez recevoir un diagnostic sur papier. À peine quelques mots, peu d’explications et une multitude de questions sans réponses. 

Des pôles sourds existent bien en Ile-de-France. Malheureusement, soit la liste d'attente décourage ceux ayant un besoin immédiat, soit les professionnels signants (psychiatres, psychologues, etc.) partis (en retraite ou changement de poste) n'ont pas été remplacés (ou alors par une équipe non signante). 

Comment faire évoluer les choses ? 

En réalité, comme pour beaucoup de chose, c’est à chacun de faire avancer son petit monde. Je commence de mon côté il y a plus de deux ans en apprenant la LSF. Puis je fréquente régulièrement des personnes sourdes. Je comprends rapidement qu’ils ne se considèrent pas comme personne en situation de handicap : ce sont des femmes et des hommes avec une langue différente, une culture différente. Fin.  

 

Finalement, n’est-ce pas plutôt la différence qui nous pose tant de problème ? Ne sommes-nous pas dans cette idée constante de réparer ? De ramener à la « normalité » ? Mais qu’est-ce que la « normalité » ? Ne diffère-t-elle pas selon chacun, selon chaque culture ? 

 

Ces questions m’amènent, en tant que psychologue, à m’adapter aux besoins de mes patients et proposer une prise en charge adaptée. 

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